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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/402

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LA GRÈCE SAUVÉE.

La gloire est le besoin de son âme enflammée ;
Du nom des vieux héros son oreille est charmée ;
Jeune enfant, il courait, ivre d’un noble orgueil,
Méditer leur histoire au pied de leur cercueil ;
Il fut jaloux d’Achille en lisant l’Iliade.
Vainqueur de Marathon, ô fameux Miltiade !
C’est toi surtout, c’est toi qu’il voudrait imiter ;
Ta gloire à chaque instant revient le tourmenter.
À peine au sein des nuits ses yeux s’appesantissent
Qu’autour de lui soudain mille voix retentissent,
Qui, proclamant ton nom jusque dans son sommeil,
Au bruit de ta victoire ont hâté son réveil.
Il se lève, il t’appelle, embrasse ton image,
Croit te voir apparaître au milieu d’un nuage,
T’invoque, et plein de toi, jure de t’égaler,
Dût un injuste arrêt comme toi l’exiler.

 Aristide est plus simple et non moins magnanine,
De la seule équité le pur amour l’anime ;
Ceux même dont la haine éclata contre lui,
Sitôt qu’on les opprime, invoquent son appui.
Ferme dans les revers, modeste dans la gloire,
Aussi grand dans l’exil qu’en un jour de victoire,
Le vent de la faveur ou de l’adversité
N’élève en aucun temps ou n’abat sa fierté.
Opprimé, mais fidèle à sa patrie ingrate,
Il sert toujours le peuple et jamais ne le flatte.
Sa noble pauvreté, sûr garant de sa foi,
L’orne mieux que la pompe et tout l’or du grand Roi
Une fille encore jeune est toute sa famille ;