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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/403

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ŒUVRES DE FONTANES.

Il léguera pour dot son exemple à sa fille.
De respect et d’amour ce grand homme entouré,
Du saint titre de Juste est partout honoré.
Moins il prétend d’honneurs, plus il obtient d’empire ;
Lui-même il est surpris des transports qu’il inspire :
Sans cesse il s’y dérobe, et souvent le respect
Fait taire la louange à son auguste aspect.
D’un œil religieux sans bruit on le contemple :
Sa voix est un oracle, et 9 demeure un temple ;
Sa vertu le consacre, et, digne des autels,
Semble plus s’approcher des Dieux que des mortels.
Lui-même à Thémistocle il donne son suffrage,
Vante ses grands travaux, ses talents, son courage,
Et quand il reconnaît qu’il n’est point son égal,
Marche après lui sans peine et cède à son rival.

 Dans le Gymnase encor règne un vaste silence.
Il s’ouvre, et le premier Thémistocle s’avance ;
On l’entoure, et bientôt, proclamant ses exploits,
Un cri d’enthousiasme éclate en mille voix.
L’envie enfin se tait et la haine le loue :
Il s’enivre de gloire, il jouit, il avoue
Que, malgré tant de soins, de veilles, de rivaux,
Cet instant de triomphe a payé ses travaux.
Il veut parler : chacun se presse pour l’entendre,
Et l’ivresse au dehors n’ose plus se répandre.
On ne l’applaudit moins que pour l’admirer mieux.
« Ô vous, dit-il, ô vous que rassemble en ces lieux
« Une fête si chère aux tribus de la Grèce,
« Concitoyens, amis, dont la main vengeresse