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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/207

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SOUVENIRS

Randazzo et Lingua-grossa, nous étions trop fatigués pour visiter la côte orientale de l’Etna, le bois de Santa-Venera, et le Castagno dei cento cavalli, qui a été vu par tout le monde et décrit tant de fois.

Le trajet qui sépare Catane d’Iaci reale appartient à la fable, à la haute poésie. Voilà le théâtre des jalouses fureurs de Polyphème. Cette grotte entendit la plainte de Galatée, et le malheureux Acis gémit sous ce rocher. On retrouve et le port d’Ulysse et le rivage chanté par Virgile. Derrière chaque promontoire, au fond de chaque caverne, on espère surprendre les nymphes dans leur bain mystérieux : cette onde si bleue, si pure, les attend ; ce sable si doux respectera leurs pieds délicats. Plus haut s’élève un amphithéâtre de collines couvertes d’arbres, de plantes des teintes les plus variées et les plus vives ; enfin dans le ciel, au-dessus de la région des nuages apparaît toujours l’Etna, le front ceint d’une bandelette de neige, dont les feux du soleil colorent et tempèrent l’éclat.

J’ai quitté les écueils des Cyclopes, Fariglioni della Trizza, si bien décrits par le savant Dolomieu. D’Orville trouve l’étymologie du nom