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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/225

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SOUVENIRS

chante, la plus tolérante, devient un cauchemar qui n’est bon qu’à décourager et à désoler tous les êtres faibles, simples et innocens.

La tristesse des habitans de Messine contraste singulièrement avec la position riante de cette ville. C’est toujours un prêtre qui dirige les familles riches ; il place les domestiques qui lui conviennent, renvoie ceux qui lui déplaisent, et ferme la porte à tout le monde : aussi Messine me semble-t-elle moins sociable que Tripoli ou Tunis. Allez-vous chez votre banquier, chez le consul de votre nation ; sa femme, sa fille, sa sœur, sa servante, tout cela s’enfuit ; et souvent ce que l’on aperçoit des fugitives, augmente les regrets qu’elles vous laissent.

C’est une époque très-importante pour Messine que celle d’une fête connue sous le nom de la Vara[1].

On a figuré et mis en action le rêve d’un moine qui, persuadé ou non, vint à bout de convaincre les autres qu’une nuit, veille de l’Assomption, il avait vu la Vierge transportée par les anges, entourée par les trônes, les séraphins

  1. Bière, cercueil, plutôt que barque, ainsi que quelques personnes le supposent.