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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/226

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DE LA SICILE.

et les dominations, et arrivant ainsi jusqu’à l’Éternel au milieu des concerts des archanges et des chérubins. La dévotion s’empara de ce rêve, et aussitôt un théâtre ambulant fut conçu, exécuté, promené dans les rues de Messine. La fête de la Vara a lieu tous les ans le 15 du mois d’août. Des mâts soutiennent des plates-formes ; ces mâts ont cent pieds de hauteur, et les plates-formes en ont cinquante de circonférence : cette énorme machine porte sur un train garni de roues, et le tout est traîné par plus de six cents personnes. Dans l’étage inférieur se voit la Vierge entourée des douze apôtres ; c’est une jeune fille couchée sur un lit de mort. L’étage supérieur est occupé par le soleil, la lune, les étoiles, qui, par des rouages cylindriques, se meuvent à-la-fois et en sens inverse. Des gazes d’argent, du clinquant, des voiles couleur d’azur, des cristaux, cachent habilement la charpente et imitent le firmament et les nuages. De pauvres jeunes enfans, muets de frayeur ou poussant des cris aigus, roulent les jambes en l’air, la tête en bas : la plupart, évanouis, figurent assez mal dans cet état les esprits célestes. Une jeune fille, bien plus malheureuse qu’eux encore, est