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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/239

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SOUVENIRS

plus éloigné que jamais de croire à l’infaillibilité de mes jugemens.

Il est bien difficile de saisir les nuances, de connaître les goûts, de deviner les penchans des différentes classes qui constituent une population. On éprouve, en voulant parler d’un pays, l’anxiété de ne montrer que le beau côté de ses mœurs, de son esprit public, ou de s’abandonner à des impressions qui lui seraient complétement défavorables ; on redoute le danger de renouveler à contre-temps des plaintes répétées tant de fois contre les prêtres et les classes privilégiées, que cet inconvénient seul commanderait le silence à leur égard.

Un voyageur a parlé récemment avec chagrin de tout ce qu’on rencontre dans ce pays, et voudrait tout changer d’un coup de baguette. Il n’est pas douteux qu’il n’y ait de grands abus en Sicile ; mais ce pays deviendrait-il le plus heureux de la terre, si, pour obéir à l’humeur d’un étranger mécontent, il échangeait tout-à-coup ses prêtres, ses maisons religieuses, ses barons, contre des chemins, des auberges et de nombreux journaux ? Ce qu’il est permis de desirer, c’est que le pouvoir et l’expérience, en se réu-