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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/243

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SOUVENIRS

J’appris sur ces entrefaites que toute la Calabre était en rumeur ; et, craignant que des troubles plus sérieux ne rendissent ma retraite difficile et peut-être impossible, je m’embarquai à Messine pour Naples, sur un brig qui faisait le service de paquebot. L’impétuosité du courant contraria beaucoup notre sortie du détroit, et ce n’est qu’après avoir fait les plus grands efforts que nous pûmes doubler le phare. Un vent neutre s’éleva pendant la nuit, et nous courûmes des bordées avec assez de succès jusqu’aux environs de Policastro en Calabre. Le temps devint alors tout-à-fait opposé, la mer fort orageuse ; une trombe passa près du bâtiment, et, pour n’être pas jeté sur la côte de Calabre, on se laissa ramener à Milazzo en Sicile. Aussi ne pensâmes-nous plus à visiter Hipponium, cette colonie de Locres, et Vibo Valentia, toutes deux l’orgueil du rivage de la Calabre, toutes deux célèbres par leurs prairies émaillées de fleurs. On ne s’occupa guère plus de Portus Herculis, fondé par les Phocéens sur cette même côte. Le vent se calma ; nous fîmes trente milles vers Naples : mais à peine étions-nous en vue de Stromboli, que les orages recommencèrent et