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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/244

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DE LA SICILE.

nous secouèrent avec une horrible violence pendant trois murs. Les nuits étaient affreuses ; le tonnerre, les éclairs, venaient jeter l’épouvante parmi les passagers. Cinquante femmes, des enfans, des vieillards, poussaient des cris déchirans. Un prêtre leur montrait le crucifix, les exhortait, les bénissait. Les fureurs d’un jeune homme qui devint fou, portèrent le désordre à son comble. On injuriait le capitaine. Enfin, n’entendant plus que des blasphèmes et des litanies, nous entrâmes dans le golfe de Policastro en Calabre, le sinus Laus des anciens. C’est entre ce golfe et celui de Pœstum que se trouve le cap Palemiro, autrefois Palinure :

Æternumque locus Palinuri nomen habebit.
(Virg. Æneïd. lib vi, v. 381.)

Nous avions pris pratique au port de Scarrio. Plusieurs petits villages sont placés sur les bords de la mer : tels sont Capitello, Sibonati et Marathée ; quelques-uns, et sur-tout la petite ville de Policastro, offrent encore des marques de la sévérité avec laquelle ils furent traités sous le gouvernement de Joachim, qui leur avait pardonné plusieurs révoltes successives. Jamais population plus farouche n’habita une