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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/28

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DE LA SICILE.

si embabouiné, que t’estat de cette vieille Rome libre, juste et florissante (car je n’en aime ny la naissance ny la vieillesse), m’interesse et me passionne : par quoy je ne sçaurois reveoir l’assiette de leurs rues et de leurs maisons, et ces ruynes profondes jusques aux antipodes, que je ne m’y amuse. Il me plaist de considerer le visage de ces Romains, leur port et leurs vestemens. Je remasche ces grands noms entre les dents, et les fais retentir à mes aureilles : Ego illos veneror, et tantis nominibus semper assurgo. »

Quelques journées de printemps à Rome suffiraient pour réconcilier l’homme le plus malheureux avec la vie. Le charme de cette saison y est inexprimable ; une foule d’idées douces et gracieuses envahissent le cœur et l’imagination. Déshéritée de la pourpre souveraine, l’Italie humiliée semble s’efforcer de voiler sous un manteau de fleurs la mutilation des monumens de sa gloire passée.

Cependant la fièvre ravageait ces belles contrées : ce n’est, pour ainsi dire, que par elle que les Romains sentent la vie. À Monterone, entre Civita-Vecchia et Rome, la fièvre tierce réglait