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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/71

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UNE INTERVIEW DE M. HENRI ROCHEFORT

ruines et les cadavres… Et cependant cet homme, dans la vie privée, est doux, sensible, généreux à la folie. « C’est un cœur d’or », dirions-nous chez nous. Il aime la nature, les fleurs, les enfants. Il a lui-même des délicatesses et des naïvetés d’enfant. Troublante énigme, qu’en vain la critique s’est efforcée de résoudre.

Aujourd’hui, il n’a pas loin de quatre-vingts ans. Tous les jours, comme il le fait depuis près d’un demi-siècle, il écrit son article sur l’actualité. Pas un événement important dont il ne crée la véritable formule. Pas une situation dont il ne trouve le mot. Qu’il s’agisse du suicide politique de M. Clemenceau (lequel « se tire plusieurs phrases dans la tête » ) ou des votes donnés au nom des défunts le jour du scrutin ( « la fête des morts » ), c’est toujours Rochefort dont l’article s’impose…

En vain ses ennemis répètent-ils qu’il vieillit. Ce n’est pas vrai : Henri Rochefort ne vieillit pas, Henri Rochefort est toujours jeune. En doutez-vous ? Voici — au hasard — son article d’aujourd’hui. Après avoir répondu très vertement à certain socialiste qui lui rappelait, pour le railler, son origine noble, il ajoute :

« On me raconte aussi que le député de la circonscription voisine, une espèce de gnome nommé Rozier ou Rosier, se déchaîne contre moi en invectives réitérées dans les réunions