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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/89

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UNE VISITE À MISTRAL

ayez à faire un pas… » Seulement, une fois nommé, j’aurais dû, naturellement, me rendre à Paris pour ma réception, et plus tard aussi, par politesse au moins, pour quelques circonstances. Or, cela eût entièrement gâté ma vie. Que voulez-vous, je suis un paysan et je ne puis respirer dans les villes.

Mistral a connu la plupart des grands écrivains du siècle. Tout jeune, il fut en relations avec Lamartine, qui se fit, à l’apparition de Mireille, le garant de cette œuvre auprès du public. Aux murs, j’aperçois toute une collection de photographies et d’autographes, envoyés par les admirateurs du poète. Il y a là le portrait de Lamartine, celui de Leconte de Lisle, celui de Sully-Prudhomme. La comtesse de Noailles écrit au bas du sien :

« Au grand Mistral, au frère d’Homère, hommage d’une admiration éperdue… » Et combien d’autres !

Plus loin, une grande photographie représente deux hommes, beaux comme des dieux, assis en face l’un de l’autre dans une prairie. Ce sont Mistral et Daudet.

Mistral et Daudet, vous le savez, furent de grands amis. Tous deux enfants du Midi, aimant d’un amour passionné leur Provence et sa langue, ils donnèrent le spectacle d’une des plus illustres amitiés littéraires du siècle