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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/90

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MON ENCRIER

dernier. Après tant d’années, Mistral ne peut parler de Daudet qu’avec une profonde émotion. Il me raconte cependant, à son sujet, une anecdote assez plaisante.

Un jour, il revenait, avec l’auteur des Lettres de mon moulin, d’une promenade aux alentours d’Arles, lorsque chemin faisant les deux amis rencontrèrent une noce. Daudet, qui au déjeuner avait pris un peu plus de vin qu’à l’ordinaire, trouva la mariée de son goût, et le déclara hautement. Même, il voulut à toute force l’embrasser. « Nous faillîmes nous faire écharper… »

Saviez-vous que Tartarin a véritablement existé ? Il vivait encore voilà seulement quelques années ; Mistral l’a connu. Seulement, dans la réalité il s’appelait Reynaud ; et il n’était pas de Tarascon mais de Nîmes. C’était un cousin-germain de Daudet. Il possédait parfaitement l’arsenal décrit dans Tartarin, et, comme Tartarin, il était allé en Afrique chasser les fauves. Après la publication du chef-d’œuvre de Daudet, il se brouilla avec ce dernier. Il ne devait pardonner que plusieurs années plus tard.

⁂ Enfin, après une longue heure de conversation, je prends congé de l’illustre poète.

— Vous reviendrez en France l’an prochain, peut-être ? me dit-il en me reconduisant. Eh