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Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/84

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Le soir du dîner, Chocolat, qui devait servir à table, arrive en retard comme d’habitude, s’empare aussitôt d’un plat que la cuisinière faisait passer à sa place, et, dans son zèle, et dans sa hâte, renverse sur Mme Tony Greace tout le contenu d’une saucière…

— Admirable ! ne peut s’empêcher de murmurer Footit, qui, assis en face, voit le jeu de physionomie de l’infortuné garçon, après sa maladresse.

Mais Mme Tony Greace, elle, n’était pas d’humeur à apprécier des jeux de physionomie, fussent-ils encore cent fois plus plaisants : sa robe, cette robe de Paris qu’elle avait fait faire pour étonner l’Allemagne, sa robe neuve perdue, et toujours par la faute de ce damné Raphaël !

— Tony, s’écria-t-elle, et l’on sentait que son exaspération était à son comble, Tony, jurez-moi de me débarrasser enfin de ce sale nègre.

Et Tony Greace jura.

Au moment de partir, Footit prit Raphaël à part, et lui dit :

— Allez donc trouver demain le directeur du Nouveau-Cirque ; nous avons souvent parlé de vous ensemble, et je crois qu’il vous emploiera…

Et de fait, le lendemain, dès les premiers mots, le directeur offrait au nègre un engagement à cent sous par jour, — la fortune !…

Mais tandis que Raphaël exprime sa gratitude, et que le directeur lui explique ce qu’il attend de lui, tout à coup, au milieu d’une phrase, il s’arrête, il fait visiblement un effort pour ne pas éclater de rire… il se