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Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/232

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Méliador

« Coiement ou vous le verés,
« Ma maladie a bonne entente.
17070 « Je le sench bien vers moy si gente, f. 126 a
« Si appareillie et si propre,
« Que ja n’ara le coer si sobre
« Que tantost ne viegne vers moy ;
« Et quant ci sera, par ma foy,
17075 « Je le cuide si biel attraire
« Et par mes paroles tant faire
« Qu’en riens n’en serés demandée,
« Mais tout plainnement escusée.
« Que vous semble ? Ay ge bien visé ? »
17080 Et celle n’a riens devisé,
Car la parolle bien li plaist.
Elle dist : « Oïl. » Lors se taist,
Et Florée s’en vient arriere
Tout en riant, a lie chiere,
17085 Viers Melyador le courtois,
Qui se tenoit illuech tous quois.
Si s’escuse moult doucement,
Sans parler ja trop longement,
De ce c’on li fait tant de painne,
17090 Qu’il ne poet a sa souverainne
Parler, sitos comme il vodroit ;
La moustre le tort et le droit
De la damoiselle, sa dame.
Melyador respont : « Par m’ame,
17095 « Florée, je l’escuse bien,
« Car il li fault sour toute rien
« Garder sa pais ; c’est vraie cose.
« Elle ne poet faire ne ose,
« Fors tout ce qu’elle a d’ordenance. »
17100 Adont Argentine s’avance
Et dist au chevalier : « Alons.
« Li chemins n’est mies trop Ions,
« Biaus sire, je vous voel mener ;