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Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/132

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Méliador




Sus cel estat parti se sont
Et par devers le roy s’en vont,
Qui en aloit as champs esbatre.
De puis ne demora pas quatre
26075 Jours, ensi que dire l’oÿ,
Que Saigremor au corps joli
Vint en la cambre la roÿne.
Si trouva dalés la courtine
Sebille qui la se tenoit.
26080 Viers li s’est trais quant il le voit
Et le salue doucement,
Et ceste n’i mist longement,
Mais son salu biel li rendi
Et tantost dou lieu se parti,
26085 En escouant, com cremeteuse ;
Bien moustra qu’elle fu honteuse.
Quant Saigremor l’en vit aler,
Si commença lors a parler :
« Ha, Sebille, vous m’ociiés.
26090 « Dittes pour quoi vous me fuiiés ?
« J’en ay merancolie grande.
« Ja sui je filz au roy d’Irlande ?
« Retournés, belle. A bonne estrine
« Je vous en feray voir roïne, f. 192 c
26095 « Se vous volés, comment qu’il voist. »
Et Sebille, qui peu cognoist
Encores les drois las d’Amours,
S’en est venue tout le cours
Avoecques aultres damoiselles.
26100 Quant Saigremor vit ces nouvelles,
S’est plus esbahis que devant.
Adont lui reviennent devant
Merancolies et soussis.
Il s’est la sus .i. siege assis,
26105 Et ne scet qu’il die ne face.