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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/143

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DE JEAN FROISSART.


Par le pooir de Phébus les nourri ;
En belles flours toutes les converti
D’otel nature

Comme celle est que j’aim d’entente pure,
Et amerai tous jours quoique j’endure.
Mès s’avenir pooie à l’aventure,
Dont à son temps ot jà l’éüz Mercure,
Plus éüreus ne fu ains créature
Que je seroie, ensi je vous le jure.
Mercurius, ce dist li escripture,
Trouva premier

La belle flour que j’aim oultre mesure ;
Car en menant son bestail en pasture,
Il s’embati dessus la sepulture
De Cephéy, de quoi je vous figure,
El là cuesi, dedens l’encloséure,
La doulce flour dont je fac si grant cure.
Merveilla soy ; il y ot bien droiture,
Car en janvier,

Que toutes flours sont mortes, pour l’yvier,
Celle perçut blancir et vermillier,
Et sa couleur viveté tesmongnier.
Lors dist en soi : « Or ai mon desirier ! »
Tant seulement il en ala cueillier
Pour un chapiel ; bien les volt espargnier
Et à l’Irès ala celui cargier
Et si le prie

Que à Sérès le porte sans targier
Qui de s’amour ne le voelt adagnier.