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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/170

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POÉSIES

Dont je sçai bien qu’en peril mon temps use,
Se vos frans coers, ma dame, ne m’escuse.
Mès si gentil et si humain le sçai
Que se je puis venir jusqu’à l’assai
Et vous monstrer mon desir et m’entente
Vous vous tondrés de moi assés contente ;
Car vos grans sens cognistera très bien
Qu’en mon desir n’a qu’onnour et tout bien ;
Et s’Attemprance à la foi le retarde,
Par la vertu de Paour qui le garde,
Ce n’est que pour esquieuver Malebouche
Qui dou bon temps d’autrui se plaint et grouce.
Si vous suppli, ma dame, qu’en ceste oevre
Vous m’escusés, se rudement g’y oevre ;
Mès pour le mieulz à mon pooir m’ordonne,
Selon le droit que li Orloges donne,
À qui me sui proprement comparés ;
Car mon desir qui est très bien parés,
De la roe première de l’Orloge
Est attenprés ; et tant bien dire en o-ge,
Par la vertu de la seconde roe
Qui nommée est Attemprance, et qui roe
Sagement, car le foliot le garde
Qui de Paour monstre, la droite garde.
Apres affiert à parler dou Dyal ;
Et ce Dyal est la roe journal
Qui, en un jour naturel seulement,
Se moet et fait un tour precisement,
Ensi que le soleil fait un seul tour
Entour lai terre en un naturel jour.