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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/172

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POÉSIES

Pour ce li fault sa rihote et son tour
Recemmencier d’usage cascun jour
Et ce Dyal, qui doulc penser figure,
Se moet par l’ordenance et la mesure
Que la mère roe d’amours li donne ;
C’est à dire, qui bien a droit l’ordonne
Par la vertu de desir, qui enflame
Le vrai amant de l’amoureuse flame,
À l’aide d’un fuiselet petit.
Cils fuiselés, qui est de grant pourfit,
Est appellés en amours Pourvéance,
Qui sans moyen d’aidier l’amant s’avance ;
Car quant uns coers amoureu bien apris
Est d’amer par amours très fort espris
Et que très bien et acertes desire,
Amours, qui ne le voelt pas desconfire,
Mès li garnir bien et souffissamment
De quanqu’il li poet faire aliegement,
À son besoing prestement li envoie
Pourvéance, qui l’adrèce et avoie
À cognoistre quel chose il doit emprendre,
Afin que nuls ne le sace à reprendre ;
Et li aprent pour le temps à venir
Comment il se pora si maintenir
Que tout son fait en bon estat soustiegne,
Par quoi de nulle riens ne li mesviegne,
Ains ait l’avis si prest et si séur
Qu’en tous ses fès on le voie méur,
Soit en aler, venir, parler ou taire
Selonc l’estat qui li est neccessaire.