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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/173

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DE JEAN FROISSART.

Pourvéance qui est en tous sens preste
Au vrai amant un si très grant bien preste
Qu’il n’oseroit penser ne souhedier
Ce dont se voit à son besoing aidier.
Et ensi Pour-véance, sans moyen,
Qui a l’amant est grant grasce et grant bien,
Souffisamment le pourvoit en son fet,
Et esmovoir son corage li fet
De penser si très continuelment
À sa besongne, et si songneusement
Qu’autre soing n’a, fors que tout dis li dure
Ce doulc penser, tant doulcement l’endure.
Et ce penser qui tant l’amant conforte
Vint et quatre broquettes o lui porte,
Qui font d’amours la destente destendre ;
C’est Espérance, ainsi le voeil entendre
Pour déclarer mieulz mon intention.
Ces broquetes, dont je fai mention,
Sont Loyauté et Ferme-Patiensce
Avec Persé-verance et Diligensce ;
Honnour y est, Courtoisie et Largesce,
Et puis Secrés, Beaus-Maintiens et Proece,
Renom et Los ; ces douze si sont teles.
Les aultres douze aussi, qui sont moult beles,
Sont Doulc-Samblant, Dous-Regart et Jonece,
Humilités, Bel-Acueil et Liece,
Et d’autre part Delis et Seuretés
Amours, Venus, et Franchise et Pités.
Ces vint et quatre amoureuses broquetes
Sont à l’amant joieuses et doucetes