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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/178

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POÉSIES

Tout dis en mieuls ; ensi vous jur, ma dame,
Et c’est bien drois que tels soie, par m’ame !
Car doulc penser nuit et jour me présente
Les biens de vous ; c’est bien drois que m’assente
À vous amer, obéir et servir.
Ce m’esjoist, dame, quant je puis vir
Vo doulc samblant, courtois et amiable,
Vo doulc regard, humain et honnourable,
Vo bel accueil et vo friche jonece,
L’umilité de vous et la lïece,
Car g’i conçoi d’esperance matère.
Et quant les grans vertus je considère
Dont vos gent corps est parés plainnement
Espérance me confort telement,
Qu’en moi tramet pourvéance séure,
Qui nuit et jour liement m’asséure
Qu’en si franc coer, dame, que vous portés
Doit bien manoir et franchise et pités.
Je ne sauroie où aillours merci querre ;
Mès je ne sui pas dignes dou conquerre.
Et nom-pour-quant sçai-je bien le voloir,
Voires selonc le mien petit pooir,
Que, pour souffrir painnes et mauls assés,
De vous amer ne serai jà lassés ;
Car doulc penser qui continuelment
Me moet le coer, me donne finalment,
Par le confort de bonne pourvéance,
En tout mon fait matère d’espérance.
Tout ensi que le Dyal a manière
De li tourner par la roe première,