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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/184

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POÉSIES

Le temps repenc où me sui embatus.
Et quant assés je me sui debatu,
Et que sus moi n’a sang, ne nerf, ne vainne,
Qui ne soit tout afoibli de la painne,
Amours qui voet qu’un peu ait d’aligance
Mon grand travel, me remet esperance
Par devant moi, et celle assés m’aye ;
Mes assés peu dure son envaye ;
Voires s’elle ne me prent et esgaie
En une heure lie joieuse et gaie.
Et lors reçoi de vuis solas sans nombre.
Et non-pour-quant pour très bons je les nombre ;
Car mon dur temps m’aydent à passer,
Et les dolours que port à desmasser.
Mès je n’en sçai ne puis tant mettre en oevre
Que grant foison tout dis en moi n’en troere.
En ce penser et en celle rihote
Fai maint souspir, maint plaint et mainte note
Où il n’i a gaires de melodie,
Ne sçai à qui dire ma maladie.
Fors seul à vous, ma dame souverainne.
Je sçai de voir que j’ai empris grant painne,
Car je ne sui del avenir pas dignes
À si grant bien que vous ; mès par les signes
Des douls regars que j’ai en vous véus,
Sui-je ou droit rieule amoureus enchéus.
Là me tendrai, à quele fin qu’en viengne ;
Mès je vous pri que de moi vous souviengne,
Et que pités en vo franc coer s’acorde
Tant que de moi un petit se recorde,