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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/220

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POÉSIES

Et pensai à ce longement
Qu’il m’ert advenu, et comment
Venus m’ot dit, à sa plaisance,
Mon bien, mon preu et ma vaillance.
S’est raisons que je le retiegne,
Et que dou tout à li me tiegne.
Ossi fai, ne aultre ne voeil.
Dou tout je m’ordonne à son voeil,
Car elle m’a amonnesté
Franchise, sens et honnesté.
De moi le lairai convenir,
Car tous biens m’en poet avenir.
Ensi disoie en mon pourpos,
Et tous seulès, là ce pourpos :
« Par ma foi bien me doi amer,
» Quant Venus me dagne entamer
» Le coer de sa très grant valour.
» Diex ! comme est fresce sa couleur ;
» Maintien joli, corps friche et gent !
» Pas ne le monstre à toute gent ;
» Mès monstré le m’a-elle au mains.
» Et en ses douls parlers humains
» Mest son confort, ossi garis
» Com je fuisse li beaus Paris,
» Né de Troies la grant cité,
» Si com je vous ai recité
» Que d’Élainne elle enamoura.
» En tous ses fais grant amour a ;
» Sï les vodrai sievir et croire,
» Car sa paroile est toute voire,