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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/227

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DE JEAN FROISSART.

Nom-pour-quant j’ai tout en gré pris
Tout quan qu’Amours m’en a apris.
Quant premierement vinc vers elle,
Ne losoïe que nommer belle,
Par Dieu ! pas ne le sournommoie,
Mès par son droit nom le nommoie ;
Car plus belle ne vi ains, Diex.
Si ai-je esté en pluiseurs lieus.
Une fois dalés li estoie ;
À je ne sçai quoi m’esbatoie ;
Et elle, par sa courtoisie,
Me dist : « Jones homs, je vous prie
» Qu’un rommanc me prestés pour lire.
» Bien véés, ne vous le fault dire,
» Que je m’i esbas volontiers,
» Car lires est un douls mestiers,
» Quiconques le fait par plaisance.
» Ne sçai aujourd’hui ordenance
» Où j’aïe mieuls entente et coer. »
Je ne li euisse à nul foer
Dit dou non, ce devès bien croire.
Mès li dis, par parolle voire :
« Certes, belle, je le ferai
» Et d’un livre vous pourverai
» Où vous prenderés grans solas. »
Tout en riant me dist : « Hélas !
» Je le vodroïe jà tenir. »
Congié pris sans plus d’abstenir,
Et m’en retournai en maison.
Cupido, qui de son tison