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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/247

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DE JEAN FROISSART.

Plain de jalousie et de painne,
Et que amours à son gré mainne.
Ensi à par moi je m’argue :
« Haro ! di-je, je l’ai perdue !
» Pourquoi l’aim, ne oncques l’amai ?
» Or sui-je entrés en grant esmai.
» Que ferai s’elle se marie ?
» Foi que doi à Sainte Marie !
» J’ociroie son mari ains
» Que il mesist sus li les mains.
» Auroi-je tort ? quant la plus belle
» Et qui de mon coer dame est-elle
» Lairoie aller par tel fortune.
» N’ai à morir d’une mort q’une.
» Ve-le-ci ; elle sera preste.
» Fortune pour moi le m’apreste,
» Puisqu’on voelt ceste marier
» À qui mon coer se voelt tirer.
» Je ne le poroie souffrir. »
Lors m’alai si dou tout offrir
À anois, à merancolies,
Et à toutes aultres folies,
Que j’en fui en peril de perdre.
Les fievres m’alèrent aherdre ;
Je m’alai acoucier au lit
Où je n’oc gaires de delit ;
Et fuisse mors dedens briefs jours,
Se ne m’euist donné secours
La damoiselle qui là vint.
Le chief me mania et tint.