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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/250

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POÉSIES

Mès toutes fois il me falli
Estre trois mois trestous entiers
À la fièvre certains rentiers ;
Et homs qui vit en tel meschief
À par droit dolerous le chief.
Je l’avoïe lors si endoivle,
Et le coer si mat et si foible
Qu’à painnes pooïe parler,
Ne moi soustenir, ne aler ;
Et la calour si m’ataingnoit,
Et si très fort me destragnoit
Que je n’avoie aultre desir
Que tout dis boire et moi jesir ;
Mès deffendu on le m’avoit,
Uns médecins, qui bien sçavoit
Quel maladie avoie el corps.
Pour moi traire de calour hors
Avoit à mes gardes bien dit
Qu’on ne laissast entours mon lit
Nul buvrage, ne pot, ne voire,
Car trop contraire m’estoit boire,
Et on m’en garda bien aussi.
Dont une fois m’avint ensi
Que j’avoie calours si grans
Que de riens je n’estoie engrans
Fors de tant que béu euisse ;
Et me sambloit, si je peuisse
Boire, que j’estoie garis.
Adont di-jou tous esgaris :
« Ha ! pour Dieu ! qu’on me donne à boire