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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/266

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POÉSIES

Car je sçai bien combien l’ai chiere.
Mès elle fait trop millour ciere
À pluisours gens
Qu’à moi qui ai mis tout mon temps,
Mon coer, mon corps, m’amour, mon sens,
À li amer. Hé mi dolens !
Or m’est plus fiere
Qu’aux aultres, ce m’est durs contens ;
Je ne m’en tienc pas pour contens
Car je li samble un droit noiens
En ma proyere.

Elle y aconte ensi que nient ;
C’est ce qui en soussi me tient
Dont, se mon coer s’esmaie et crient
Et se complaint
Bien y a cause ; il apertient ;
Car toutes fois qu’il me souvient
Comment ma dame me maintient,
Mon coer se taint
Diversement en plus d’un taint ;
Car chalour et froideur l’attaint,
Et si n’est douçour qui l’estaint,
Dont s’il n’avient
Que Franchise Pité ramaint,
Je sçai moult bien où la mort maint,
Et se je muir, aussi font maint ;
Morir convient.

J’aim’mieulz morir, jà ne demeure,
Puisque Fortune me court seure