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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/300

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POÉSIES

» Car onques coer fors que le tien n’amai,
» Ne à nul jour jamais je n’amerai.
» Trestout ensi en mon coer escript l’ay
» Com tu le vois.

» Soit à la ville, aux champs, aux prés, aux bois,
» En dis, en fais, en parlers et en vois
» Seras de moi nommés li tres courtois
» Pour qui mon coer est tristes et destrois,
» Quant plus souvent ne te vois et c’est drois ;
» Et tout ensi m’aye Sains Elois
» Que je jurrai
» Dessus les sains sacrés et benéois,
» Se mesdisant ne tendoient leurs rois
» De quoi il font aux amans tant d’anois,
» Pour un confort je t’en donroie trois ;
» Mes je te pri qu’en bon gré tout reçois,
» Car en un jour avient bien, or m’en crois,
» Qu’il n’avenra souvent en trente mois.
» Or ne t’esmai. »


Lors se tint la vois quoie et mue,
Et la figure se transmue.
Ou miréoir plus ne le vi,
Car son propos ot assouvi.
Dont me sambloit que je disoie
Et dementroes que là gisoie :
« Veci merveilles et fantomme. »
En ce penser perdi mon somme.
Et lorsque je fui esvilliés,
Grandement fui esmervilliés.