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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/301

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DE JEAN FROISSART.

Nom-pour-quant à mon orillier
M’alai erramment conseillier
À savoir se g’i trouveroie
Mon miréoir, ne li veroie.
Oïl voir ! droit là le trouvai,
Où je l’oc mis ; lors le levai,
Et le baisai moult doucement.
Puis pensai en mot longement
Que j’avoie véu ma dame
Et oy parler : mès, par m’ame !
Ce n’estoit que derision
De toute mon avision
Et qu’elle me feroit à dur
Pour mon confort si garant éur.
Croi fermement que le contraire
Oras tu temprement retraire.
Je ne sui pas tous seuls au monde.
Selonc ce que j’ai de faconde
À qui le doulc dieu de dormir,
Morphéus, que si bon remir
À en dormant fait grasce vainne,
Ceste ci m’est assés lointainne ;
Mès toutes fois, soit fable ou voir,
Je li en doi grant gré savoir,
Quant en dormant m’a monstré celle
Pour qui l’amourouse estincelle
Senc, et parquoi que peu redoubte
Mis m’a en paix et en grant doubte.
Je vodrai retourner en brief
Que ma dame n’ait aucun grief ;