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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/358

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POÉSIES

» Varyer par trop sejourner,
» Se me fai prendre et ajourner
» Où que tu voels, et de par toy,
» Se briefment ne te ramentoy
» Ce que tu as de pourvéance
» Où tu n’as gaires de béance.
» Or y pense. » — « Si fai-je, dame,
» Que voelt estre ? Ne sçai, par m’ame !
» Recordés m’ent. » — « Volentiers, voir.
» Tu dois par devers toi avoir
» Un coffret ens ou quel jadis,
» Il y a des ans plus de dis,
» Tu mesis, et bien m’en souvient
» Puisque dire me le convient,
» Un image bel et propisce
» Fait au semblant et en l’espisce
» Que ta droite dame estoit lors.
» Se depuis tu ne l’as tret hors
» Encores le dois-tu avoir.
» Je t’en pri ; or y va sçavoir,
» Tu y scés moult bien le chemin ;
» Et tu veras en parchemin
» L’image que je te devis,
» Pourtrette de corps et de vis,
» D’yeuls, de bouche, de nés, de mains,
» Toute otele, ne plus ne mains,
» Ouvrée en couleur bonne et riche
» Com fu ta dame belle et friche
» Pour qui tu as les mauls d’amer
» Senti, deçà et delà mer.