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POÉSIES

De ramentevoir li pourvoit
Polixena au corps parfet
Contre qui l’image estoit fet.
Ensi fortune le demainne
Qui jusques à la mort le mainne,
Car ens ou temple où le cop prist
De Cupido, quant il l’esprist
De l’amour de la dessus ditte,
Pour lui fu la terre entreditte.
Là fu occis, tout par sa coupe.
Mès de la mort de li j’encoupe
Amours, et di qu’il en fu cause,
Ensi com l’ystore le cause
Des Grigois, qui bien le remire.
Fortune, ensi dont Diex li mire,
Me demainne, si com je croi,
Et toutes fois je l’en mescroi ;
Car je m’arreste en grant folie.
Et se sçai bien que je folie ;
Si nen pui-je mon coer retraire.
Bien scet le Dieu d’Amours droit traire
Quant ens ou coer me mist la fleche
Qui si m’ensonnie et me bleche
Que je ne puis ailleurs entendre :
Et s’est la plaïe si très tendre
Q’uns seulz pensers le renouvelle ;
C’est chose faée et nouvelle.
Quant jai le temps passé tant chier
Que je ne m’en puis estanchier
Ne pour gaaing ne pour damage ;