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Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/72

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L’HOMME À L’HISPANO

veut dire… Ah ! vous allez à Ciboure avec Deléone… et un ami ?… Eh bien vous avez raison… Moi je vais au Maroc… oui, j’y vais… Quand je dis que je vais en Afrique… j’y vais…

Elle haussa les épaules, n’attachant plus aucun prix à ses paroles… Il avait bu… Lassée, elle sortit, du salon. Il la rejoignit avec un calme affecté. Il prit congé. Il ajouta correctement :

— Excusez-moi d’avoir voulu vous emmener à Casablanca. J’irai seul. Je pars demain. Oubliez cette discussion ridicule et faites ce que bon vous semble. Bonsoir…

Sans répondre, elle le regarda s’éloigner.

Devant la terrasse, au bout du jardin, la calme mer de septembre faisait un bruit d’argent avec les cailloux. Le phare prochain l’éclairait et sa lumière sur les eaux semblait faire naître des écailles par millions. Dans une villa voisine, un chien, sans raison, aboyait. L’heure avait la beauté éternelle de l’indifférence et, seule dans la splendeur tiède de la nuit, Stéphane, chargée de son amour, semblait éphémère et vivante.