Aller au contenu

Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 105 —

Arabe, accompagné de quelques moissonneurs qui m’avaient vu chargeant l’hyène et mettant pied à terre au pied du rocher.

Lorsqu’il vit la lame de mon sabre rougie du sang de l’animal, mon guide me dit :

— Remercie le ciel, qui m’a fait rester en arrière avec ton fusil, et ne te sers plus jamais de ton sabre à la guerre, parce qu’il te trahirait.

Comme je ne paraissais pas comprendre le sens de ses paroles, il ajouta :

— L’Arabe qui trouve une hyène dans son trou prend une poignée de bouse de vache, et la lui présente en disant : « Viens, que je te fasse belle avec du henné[1]. » L’hyène tend la patte, l’Arabe la saisit, la traîne dehors, puis il la bâillonne et la fait lapider par les femmes et les enfants du douar comme un animal lâche et immonde.

Sans prendre à la lettre ce que me disait mon guide, je compris que j’avais commis une bévue qu’il me faudrait réparer d’une manière éclatante, pour imposer silence aux mauvaises langues dans les tribus.

  1. Les Arabes ont l’habitude de teindre leurs ongles, ceux de leurs femmes, ainsi que la crinière, la queue, le garrot et les jambes de leurs chevaux avec une teinture rouge qui est le henné.