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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/114

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Cependant mon camarade allait courir le même danger, et je ne pouvais rien pour l’en prévenir. Afin d’être prêt à le secourir à temps, je quittai mon affût et suivis prudemment la lisière du bois sans perdre de vue les Arabes, qui, à ma grande joie, passèrent à côté de Rousselot sans le voir.

À peine le dernier des maraudeurs avait-il dépassé le buisson dans lequel il était embusqué, que je vis ce brave garçon en sortir à la hâte pour savoir ce que j’étais devenu.

Après lui avoir serré la main et lui avoir expliqué en peu de mots ce qui s’était passé, nous entrâmes sous bois pour éviter une deuxième rencontre et attendre la pointe du jour avant de regagner le camp.

Cette chasse ne fut pas la dernière, et, pour qu’on se fasse une idée de la quantité de sangliers qui, à cette époque, vivaient autour de Ghelma, je dirai que, chaque jour, les Arabes en apportaient plusieurs sur le marché, où ils étaient vendus pour la modique somme de cinq ou six francs, et que, pour ma part j’en ai tué soixante en moins de six mois.

Avant l’occupation française, les Arabes, auxquels la chair du sanglier est interdite par le Coran, le tuaient pour protéger leur récoltes. Aujourd’hui il le tuent pour le vendre sur nos