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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/155

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Le cheik et ses cavaliers étaient arrêtés dans la plaine, les yeux fixés vers le ciel, attendant comme nous l’issue de cette lutte aérienne.

Tout à coup il nous sembla entendre au loin des cris perçants et répétés ; peu de temps après, nous pûmes voir un corps noir et grossissant à mesure qu’il se rapprochait, tantôt se débattre vivement, tantôt descendre verticalement vers les régions basses.

Nous pûmes reconnaître alors nos deux aigles, les ailes déployées, se laissant remorquer par le poids de l’outarde, qui, les pattes pendantes et les ailes fermées, tombait vers la terre sans donner aucun signe de vie.

Nos regards cherchèrent en vain les faucons du cheik, ils avaient disparu. Toute notre attention se porta alors du côté des cavaliers.

Au moment où l’outarde et les aigles tombèrent en sifflant au milieu du large cercle formé par le cheik et les siens, un long cri de trahison vint nous glacer de terreur.

Nous nous rappelâmes, mais trop tard, que, dans la précipitation avec laquelle nos oiseaux avaient été lâchés, l’entrave était restée aux pied de l’un d’eux. Plusieurs hommes avaient mis pied à terre et disposaient leurs burnous de façon à prendre les aigles sans être blessés.