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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/197

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J’entendis son premier pas dans le ruisseau, qui courait rapide et bruyant, puis… plus rien. S’était-il arrêté ? Marchait-il vers moi ? Voilà ce que je me demandais en cherchant à percer le voile noir qui enveloppait tout autour de moi, lorsqu’il me sembla entendre, là, tout près, à ma gauche, le bruit de son pas dans la boue.

Il était, en effet, sorti du ruisseau et montait doucement la rampe du gué, lorsque le mouvement que je venais de faire le fit s’y arrêter.

Il était à quatre ou cinq pas de moi et pouvait arriver d’un bond.

Il est inutile de chercher le guidon lorsqu’on ne voit pas le canon de son fusil.

Je tirai au juger, la tête haute et les yeux ouverts ; au coup de feu, je vis une masse énorme, sans forme aucune et à tous crins. Un rugissement épouvantable déchira l’air ; le lion était hors du combat.

Au premier cri de douleur succédaient des plaintes sourdes, menaçantes.

J’entendis l’animal se débattre dans la boue, sur le bord du ruisseau, puis il se tut.

Le croyant mort, ou tout au moins hors d’état de se tirer de là, je rentrai au douar avec mon guide qui, ayant tout entendu, était persuadé que le lion était à nous.