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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/201

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Je lui ordonnai de jeter des pierres dans le repaire ; à la première qu’il jeta, un lentisque s’ouvrit et le lion, après avoir regardé de tous côtés fit un bond vers moi.

Il était à dix pas, la queue droite, la crinière sur les veux, le cou tendu ; sa jambe cassée qu’il tenait en arrière, les ongles renversés, lui donnait un faux air de chien à l’arrêt.

Dès qu’il avait paru, je m’étais assis, cachant derrière moi l’Arabe qui me gênait par les : Feu ! feu ! feu donc ! qu’il mêlait à ses prières.

À peine avais-je épaulé mon fusil, que le lion se rapprocha par un petit bond de quatre à cinq pas qui allait probablement être suivi d’un autre, lorsque, frappé à un pouce au-dessus de l’œil droit, il tomba.

Mon Arabe rendait déjà grâces à Dieu quand le lion se retourna, se mit sur son séant, puis se leva debout sur ses jarrets comme un cheval qui se cabre.

Une autre balle, plus heureuse, trouva le cœur et le renversa, cette fois, roide, mort.

En faisant l’autopsie de ce lion à Bône, je découvris que la deuxième balle avait entamé l’os frontal sans le briser. Elle était aplatie sur l’os, large comme la paume de la main et épaisse comme dix feuilles de papier.