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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/200

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trois cents pas ; je mis pied à terre et appelai un des Arabes qui se tenaient à l’écart pour prendre mon cheval.

Plusieurs accoururent, et force me fut, pour ne pas être remis sur mon cheval et emmené au loin, de laisser entre leurs mains le burnous par lequel ils me tenaient.

Quelques-uns essayèrent de me suivre pour me dissuader ; mais, à mesure que je doublais l’allure en marchant vers le lion, leur nombre diminuait.

Un seul resta, c’était mon guide du premier jour ; il me dit :

— Je t’ai reçu sous ma tente, je réponds de toi devant Dieu et devant les hommes : je mourrai avec toi.

Le lion avait quitté la clairière pour s’enfoncer dans un massif à quelques pas de là.

Marchant avec précaution, toujours prêt à faire feu, j’essayai en vain d’en revoir par le pied ; le sol était rocailleux et l’animal ne laissait plus de sang.

Je venais de fouiller un à un les arbres du massif, lorsque mon guide, qui était resté en dehors, me dit :

— La mort ne veut pas de toi ; tu as passé près du lion à le toucher ; si tes yeux s’étaient rencontrés avec les siens, tu étais mort avant d’avoir pu faire feu.