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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/211

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Observez les Arabes, c’est curieux et instructif.

Dès que le lion s’est tu, ils se sont mis à parler tous à la fois, ils vomissent contre lui mille imprécations, ils lui prodiguent les épithètes les plus injurieuses, ils vont jusqu’à le menacer.

Le lion rugit-il de nouveau, la parole reste suspendue au bout de leurs lèvres : ils ne perdent pas un son.

Il y a dans ce silence respectueux des Arabes un grand enseignement pour vous et pour les autres.

Je vous ai déjà dit que l’Arabe était brave ; et comment ne le serait-il pas ? il naît, il vit, il meurt au milieu de dangers que l’homme de l’Europe civilisée ne connaît pas et ne peut pas connaître.

Dans son enfance, au lieu de morale, on lui parle tueries, guerre et combats.

Le plus sage, le plus vertueux, le plus considéré, est celui qui tue le mieux et le plus souvent.

On lui apprend la vengeance de famille, la haine de tribu à tribu, l’exécration du chrétien, et, pour compléter son éducation, lorsqu’il a atteint sa quinzième année, il arrive, qu’un soir, après que les vieillards ont raconté