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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/212

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autour du foyer, sous la tente, leurs haines et leurs vengeances, quand les voisins sont retirés, au moment où l’enfant cherche une place pour se coucher, le père le pousse du pied en l’appelant paresseux, lâche.

L’enfant, qui n’a pas compris, supplie son père de s’expliquer.

Celui-ci lui montre en riant un vieux pistolet attaché au montant de la tente, à côté d’un poignard.

L’enfant bondit vers son père, il l’embrasse respectueusement sur l’épaule.

Le père, heureux et fier d’avoir un fils qui lui donne de si belles espérances, le fait asseoir près de lui, et lui parle en ces termes :

— Es-tu déjà allé, la nuit, sans que je t’aie vu ?

L’enfant raconte ses amours avec une jeune fille qu’il a visitée quelquefois, au risque de se faire casser la tête d’un coup de pistolet.

— C’est bien, lui dit le père, — mais ce n’est pas suffisant. Tu es déjà grand, et je rougis d’entendre nos voisins t’appeler petit. Il faut leur faire voir que tu es un homme.

— Je ne demande pas mieux, répond l’enfant ; mais, pour aller seul, la nuit me paraît bien noire, et j’ai peur.

— Pour la première fois, tu n’iras pas seul ;