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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/232

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il était muet ; la joie seule qui débordait de son cœur trahissait le secret qu’il aurait voulu ne confier qu’à moi.

Malheureux homme, fier d’avance de la victoire qu’il avait préparée, et qui ne se doutait pas que, dans quelques heures, le lion qu’il venait me livrer ne mourrait que sur lui et après l’avoir mis en pièces !

Tel était son rapport :

« Je trouve le lion buvant au ruisseau de Tafrent, où il a fait une pause.

« Je le suis à travers un bois brûlé que vous pouvez voir d’ici et à la sortie duquel il a dû rester jusqu’au jour, si j’en juge par les entailles qu’il a faites à plusieurs arbres pour aiguiser ses griffes et par ses laissées du matin.

« En quittant le bois, brûlé, l’animal traverse un torrent qui borde à l’est du bois de Tafrent, dans lequel il entre ; je tourne le bois en suivant au sud et à l’ouest le cours des eaux, et au nord le chemin : l’animal n’est point sorti ; je reviens à ma brisée, où je laisse mon burnous, et je le suis sous bois jusqu’à une portée de fusil de son repaire.

« Les hommes qui m’accompagnaient ayant eu peur en cet endroit, je me suis retiré sans bruit en le jugeant au pied du rocher blanc, connu dans le pays sous le nom de Rocher du Lion. »