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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/270

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« Pourquoi le lion ne s’élançait-il pas comme de coutume ?

« C’est qu’il jugeait, à certaines émanations sans doute, que c’était moins une proie qu’un adversaire qui se dressait devant lui.

« Fort de son expérience, Gérard attend froidement l’instant favorable, car il ne s’agit pas pour lui de précipiter le dénoûment, mais d’assurer la victoire. Croyant avoir saisi cet instant suprême, il ajuste. Tout à coup le lion s’affaisse, se rase et s’efface. Gérard incline-t-il à droite ou à gauche, le fusil en joue, pour découvrir dans sa largeur la tête du monstre, le corps de celui-ci obéit au mouvement ; il se déplace, tourne sur lui-même par petits à-coups, et ne présente jamais qu’une ligne droite.

« Singulier rapprochement dans un duel à l’arme à feu, les eux champions s’effacent ; eh bien ! dans sa lutte contre l’homme, le lion s’efface aussi. Est-ce instinct ? est-ce expérience ?

« Ainsi donc, il est décidé en principe que, durant le jour, le lion, non surexcité, est peu disposé à attaquer l’homme.[1] »

Gérard est un homme de taille moyenne et faiblement constitué. Sa figure calme porte un grand cachet d’énergie ; ses yeux sont pleins d’animation. Une femme jalouserait ses mains fines et ses pieds d’une petitesse aristocratique.

  1. Galerie des Chasseurs illustres, p. 48 et 49.