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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/269

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son intrépidité, le général commandant la subdivision de Bone lui fit cadeau d’un fusil d’honneur et voulut le présenter lui-même au duc d’Aumale.

Celui-ci demandait à connaître un homme dont l’histoire tenait du prodige. Il reçut le tueur de lions à bras ouverts et lui donna la plus belle de ses carabines.

Jules Gérard n’a jamais perdu le souvenir de ce touchant accueil du fils de Louis-Philippe et des paroles gracieuses dont il avait accompagné son présent.

Au nombre des services rendus par le jeune sous-officier de spahis, il faut signaler celui d’avoir mis un terme à l’incertitude où la science flottait encore, au sujet du véritable caractère du lion.

Jusqu’à lui on croyait à la magnanimité du roi des animaux, sur la foi de M. de Buffon, ce naturaliste en manchettes, qui avait prononcé là-dessus en dernier ressort, après une simple visite à la ménagerie du sieur Saint-Martin, maître de combats de taureaux à Paris.

On sait maintenant à quoi s’en tenir sur l’histoire d’Androclès, et sur celle du lion de Florance, lâchant sa proie aux cris d’une mère.

Maintes fois Gérard, dit Adolphe d’Houdetot, qui a recueilli ses notes en causant avec l’illustre chasseur lui-même, s’est trouvé tout à coup en présence du lion, et tous deux se sont regardés sans faire aucun mouvement.