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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/285

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féroces accuse précisément l’instant des plus incroyables fureurs. Nul n’a le dessus, mais nul n’a ployé les jarrets : on prévoit à qui demeurera la victoire, et quand vous croyez le tigre vaincu, il ressaisit sa place, perdue par un mouvement qui, à son tour, ébranle le lion étonné.

Depuis plus de dix minutes le combat durait sans perdre de sa violence, et, comme d’un commun accord, le lion et le tigre se quittèrent enfin pour reprendre haleine. C’était l’immobilité de la rage, c’était le repos du volcan.

Quelques instants après, un incident nouveau, imprévu, donna plus de vie encore à ce terrible drame qui approchait du dénoûment. Le tigre, qui prévoyait, non sa défaite, mais sa mort, saisit le moment où son adversaire léchait de sa langue raboteuse une large entaille sur sa cuisse, s’élança sur le tronc du cocotier à plus de dix pieds de hauteur et s’y maintint cramponné avec ses ongles. Le lion regarde devant lui et n’aperçoit plus son adversaire : il rugit, lève la tête et s’élance à son tour au niveau du tigre. Il n’y avait pas moyen de combattre dans cette position, et, toutefois, il était bien décidé maintenant que des deux bêtes féroces une seule devait rester debout. Le tigre le premier se laissa tomber, le lion le suivit à une demi-seconde de distance, et cette fois ce fut lui qui éprouva ces mouvements saccadés que nous avions d’abord remarqués dans le tigre. Une longue lutte devenait im-