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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/29

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gardiens veillent à ce qu’ils se tiennent en amont le plus près possible de la fosse.

Le lion, qui a l’habitude de franchir la haie d’amont en aval pour sa plus grande commodité, arrive près du douar, entend les cris, sent les émanations du troupeau dont il n’est séparé que par quelques mètres, il bondit et tombe en rugissant de colère dans la fosse, où il sera insulté et mutilé, lui, l’emblème du courage et de la force, lui, dont la voix imposante faisait trembler la plaine et la montagne, il mourra misérablement assassiné par des lâches, des femmes et des enfants.

Au moment où il a franchi la haie et où le troupeau épouvanté a foulé aux pieds les gardiens endormis, tout le douar s’est levé en masse.

Les femmes poussent des cris de joie, les hommes brûlent de la poudre pour prévenir les douars voisins ; les enfants, les chiens font un vacarme infernal ; c’est une joie qui approche du délire et à laquelle chacun prend une part égale, parce que chacun a des pertes particulières à venger.

Quelque soit l’heure de la nuit, on ne dormira plus.

Des feux sont allumés, les hommes égorgent des moutons, les femmes préparent le couscoussou, on fera ripaille jusqu’au jour.