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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/44

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le moment décisif : au commandement de l’un des anciens de la troupe, chacun fait feu de son mieux et jette son fusil pour s’armer du pistolet ou du yatagan.

Pour les chasseurs européens, il paraîtra étonnant que trente coups de feu tirés à vingt pas sur un animal qui présente le flanc ne suffisent pas toujours pour le tuer sur place. C’est pourtant ce qui arrive six fois sur dix.

La vie est si difficile à arracher du corps du lion, que, quel que soit le nombre de balles qui l’auront touché, il ne mourra pas encore si le cœur ou le cerveau n’ont pas été atteints.

Cependant s’il a été renversé par une grêle de balles, avant qu’il ait pu se relever, tous les chasseurs sont sur lui, les uns armés de pistolets, les autres d’armes blanches, tirant, frappant à l’envi les uns des autres, et finissant presque toujours par laisser quelques lambeaux de chair dans les griffes de l’animal expirant.

Ce qu’il y a de remarquable chez le lion, c’est que, plus il est près de mourir, plus il est dangereux.

Ainsi, lorsque pendant l’action, mais avant qu’il soit blessé, il peut atteindre un des chasseurs, il se contente de le renverser, comme un obstacle, et l’homme, s’il est couvert de bons