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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/45

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burnous, en est souvent quitte pour quelques coups de griffes sans gravité.

A-t-il déjà reçu une ou plusieurs balles, il tue ou déchire celui qu’il a pu saisir, souvent même il le prend dans sa gueule et le porte en le secouant jusqu’au moment où il aperçoit d’autres chasseurs sur lesquels il se jette à leur tour.

Mais lorsque, grièvement atteint, blessé à mort, par exemple, il peut s’emparer d’un homme, il l’attire sous lui en l’étreignant de ses griffes puissantes, et après avoir placé sous ses yeux la figure du chasseur malheureux, il semble, comme le chat avec la souris, se réjouir de son agonie.

Tandis que ses ongles déchirent doucement les chairs de la victime, ses yeux flamboyants sont fixés sur ceux de l’homme, qui, fasciné par ce regard, n’ose ni crier ni se plaindre. De temps en temps le lion promène son énorme et rude langue sur la face du moribond, puis il fronce ses lèvres à la manière du chat, et lui montre ainsi tous ses dents.

Cependant les parents ou les amis de l’infortuné chasseur font appel aux plus courageux de la troupe, et ils s’avancent coude à coude, le fusil à l’épaule et le doigt sur la détente, vers le lion, qui les regarde venir et les attend.