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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/64

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cette conversation devant témoins et l’amenai sous ma tente.

Une fois là, nous parlâmes lion, et lorsqu’il me parut bien disposé, je lui fis part de ce que je désirais de lui. Je dois avouer qu’il n’y consentit qu’à regret, et que, pour ne pas compromettre sa réputation, il fit si bien, que le chasseur, accoutumé à rentrer avec son porte-carnier chargé de gibier, revint bredouille ce jour-là.

Je n’ai pas revu Abdallah depuis cette époque ; mais à la fin du mois de juillet dernier, en revenant d’une excursion dans le sud, je m’arrêtai un instant chez le cheik de sa fraction, et j’appris par lui que, dans le courant de l’hiver, Abdallah avait encore une fois sauvé la vie à un des siens qui, grâce à son secours, en était quitte pour une jambe de moins.

Mais, pendant que nous nous occupons de lui et de ses prouesses, le chef de la troupe que nous avons laissée marchant d’assurance sur la voie du lion est arrivé au but.

Un rugissement terrible a retenti sous bois à quelques pas de lui.

— À terre ! a répondu une voix digne de commander une armée ; à terre ! enfants de Cessi ; souvenez-vous que vous êtes des hommes et que je suis avec vous !