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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/76

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D’après les indigènes, c’était dans un fort impénétrable, situé à mi-côte, que devait être le repaire de nos animaux.

Le vieux Taïeb, chef de ce pays, vint à moi, me prit par le bras et me dit, en me montrant les nombreuses traces imprimées sur le sable :

— Ils sont trop, allons-nous-en.

Déjà à cette époque, j’avais passé plus de cent nuits seul et sans abri, à la belle étoile, tantôt assis au fond d’un ravin fréquenté par le lion, tantôt battant les sentiers à peine tracés à travers bois.

J’avais rencontré des troupes de maraudeurs et les lions, et avec l’aide de Dieu et de saint Hubert, je m’étais toujours et heureusement tiré d’affaire.

Seulement l’expérience m’avais appris que deux balles suffisaient rarement pour tuer un lion adulte, et, chaque fois que j’entrais en campagne, je me souvenais, malgré moi, de telle et telle nuit que j’avais trouvée trop longue, soit parce que j’avais été surpris par la fièvre qui forçait ma main à trembler quand je lui commandais d’être ferme, soit parce qu’un orage survenu mal à propos m’avait empêché de voir quoi que ce fût autour de moi pendant des heures entières, et cela au moment où le rugissement du lion répondait au