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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/81

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laquelle elle se présentera, ensuite l’estime, l’affection, et la reconnaissance, et plus encore, d’une multitude de gens qui sont et resteront hostiles à tous ceux de votre pays et de votre religion, et enfin des souvenirs qui rajeuniront votre vieillesse.

Si vous n’en revenez pas, ce dont je serais désolé pour vous et pour moi, vous pouvez être sûr qu’à la place où les Arabes trouveront vos restes ils élèveront, non pas un mausolée, comme l’on dit chez nous, mais un monceau de pierres au faîte duquel ils placeront des pots cassés, de la ferraille, des boulets de canon, un tas de choses enfin qui, chez eux, tiennent lieu d’épitaphe et signifient : Ici est mort un homme.

Il est bon que vous sachiez que, chez les Arabes, il ne suffit pas d’avoir des moustaches et de la barbe au menton pour être un homme, et je puis vous assurer que cette simple épitaphe dit plus de choses que bien des phrases élogieuses, et que, pour mon compte personnel, je n’en désire pas d’autre.

Voilà ce que je dirais au chasseur que je ne cherche point, mais que je serais heureux de rencontrer.

Cette digression un peu longue aura pour excuse de servir de transition au récit interrompu et qui va suivre.