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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/83

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mentalement à cette prière adressée au Dieu de tous les peuples, sous la futaie et sur le terrain même où, dans quelques heures, le drame devait avoir son dénoûment.

La première terminée, le cheik vint à moi et me dit :

— S’il plaît à Dieu d’écouter nos prières, et si tu veux rassurer ceux qui t’aiment, après que tu auras tué, allume le feu que je vais faire préparer par mes hommes, afin que, lorsque nos oreilles auront entendu le signal du combat, nos yeux puissent voir celui de la victoire, et je te promets que nous te répondrons.

Je me rendis volontiers au désir de Taïeb, et un bûcher énorme fut élevé et si bien préparé, qu’il suffisait d’une allumette pour y mettre le feu. Pendant que les gens du cheik s’occupaient de ces préparatifs avec une ardeur peu commune chez les Arabes, qui sont la paresse incarnée, celui-ci était resté près de moi et il me disait.

— Si je savais que tu ne te moques pas de moi, je te donnerais un conseil.

— La parole d’un vieillard, lui répondis-je, est toujours respectée.

— Eh bien, écoute, mon enfant ; si les lions viennent cette nuit, le seigneur à la grosse tête (les Arabes désignent ainsi le lion mâle et